La réparation durable en automobile, un enjeu écologique, social et sociétal

Les atouts de la réparation durable en automobile

Réduire l’impact environnemental des activités humaines est une responsabilité collective, dans laquelle les assureurs ont leur rôle à jouer, notamment en matière de gestion des sinistres automobiles.

L’un de leurs leviers réside dans la réparation durable en automobile, avec pour objectif de réparer au maximum les véhicules accidentés et les pièces abîmées plutôt que de les remplacer. Quand ce n’est pas possible, les pièces de réemploi doivent être privilégiées pour limiter le recours aux pièces neuves.


La réparation durable, performante et éco-responsable

Prenons l’exemple d’un pare-brise abîmé. Lorsque l’emplacement et la taille de l’impact le permettent, ce pare-brise peut être remis en état selon une technique maîtrisée depuis plus 20 ans.

Le remplacement des pièces automobiles est encore trop souvent privilégié face à leur réparation, notamment dans le secteur du vitrage. Pourtant, des techniques de réparation performantes existent pour éviter, par exemple, de remplacer un pare-brise en intégralité. Nous vous emmenons chez France Pare-Brise, une entreprise spécialisée dans la réparation des vitrages.

Bonjour Dominique, bonjour Juliette. Est-ce que tous les pare-brises peuvent être réparés et comment cela fonctionne ?

Depuis 20 ans, la technique de réparation d'impact est régie par une norme, la norme AFNOR R19601. Grâce à elle, on sait déterminer la réparabilité des impacts par leur positionnement sur le pare-brise et par leur taille, qui doit être de 40 mm maximum.

Quelles sont les étapes de la réparation ?

Une réparation d'impact se déroule en plusieurs phases. On commence par déterminer si l'impact est réparable sur le pare-brise. Pour cela, on utilise un gabarit pour mesurer sa taille et voir son positionnement, car on ne pourra jamais réparer si c'est dans le champ de vision du conducteur. Une fois cette étape faite, on peut commencer à préparer notre réparation et préparer la zone d'injection en nettoyant le pare-brise et en retirant toutes les impuretés à l'intérieur même de l'impact. On va pouvoir vérifier ainsi que la résine de réparation va bien rentrer à l'intérieur de l'impact lors de la phase suivante, pendant laquelle on va injecter une résine de réparation. Une fois cette étape passée, on va ajouter par-dessus une seconde résine qu'on appelle résine de finition et on va utiliser une lampe UV qu'on va placer autour de l'impact de manière à faire polymériser cette résine et la rendre aussi dure que le verre. Une fois cette étape terminée, on va utiliser un produit de polissage pour rendre à cette résine un aspect totalement cristallin et avoir un visuel pour notre client proche de l'aspect d'origine.

Et au niveau de la solidité, y a-t-il une différence ?

Non Juliette, pas du tout. Une fois la résine injectée et polymérisée, le pare-brise retrouve sa solidité d'origine et la surface du pare-brise est totalement lisse, permettant le passage des essuie-glaces.

Quels sont les avantages de réparer plutôt que de remplacer ?

Il vaut mieux réparer tout simplement parce que c'est plus rapide, moins cher et en plus, c'est écoresponsable. Pourquoi écoresponsable ? Tout simplement parce que ne pas refabriquer un nouveau pare-brise neuf évite la production de 17 kg de déchets en moyenne par pare-brise.

Merci Dominique pour ces explications. Avec plaisir Juliette.

La réparation de pare-brise est une technique qui existe depuis 20 ans. Elle est pourtant trop peu utilisée au profit du remplacement à neuf, facturé plus cher. Chaque année, nos réparateurs agréés évitent le remplacement de 60 000 pare-brises, ce qui représente 960 tonnes de CO2 et 800 tonnes de verre que l'on évite de mettre dans le circuit du recyclage. Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site covea.com.

Ce procédé performant lui donne un aspect proche de celui d’origine, avec une finition quasi-invisible. Il est donc préférable au remplacement, car la production d’un nouveau pare-brise a un impact environnemental important. Elle nécessite du sable qui est transformé en verre, ainsi que du plastique pour la couche protectrice du pare-brise, et l’énergie nécessaire à la fabrication produit des gaz à effet de serre.

Quand la réparation n’est pas possible, les pièces de réemploi doivent être privilégiées pour limiter le recours aux pièces neuves. Ce sont les centres VHU, ou recycleurs, qui extraient ces pièces et les préparent. Des critères très précis encadrent cette activité et déterminent les pièces pouvant être réutilisées. Ce cadre réglementaire garantit la qualité et la sécurité des pièces de réemploi à hauteur des pièces neuves.

Si l’utilisation des pièces de réemploi commence à se développer en automobile, notamment depuis la loi de transition énergétique de 2015 qui invite les réparateurs à en proposer à leurs clients, il reste encore trop limité. La structuration de la filière des recycleurs devrait participer à son essor. 

Je t'emmène dans mon allée préférée, c'est l'allée des moteurs. Je trouve ça super beau, avec à peu près 5000 moteurs en stock.
Aujourd'hui, je vais te parler d'Émilie, qui travaille dans un centre VHU à Amiens. Ce centre remet à neuf des milliers de pièces automobiles pour pouvoir les réutiliser. Elle nous explique toutes les étapes mises en place pour garantir des pièces automobiles quasi neuves.

Nous sommes à Amiens, dans un de nos centres VHU, où nous commercialisons et produisons des pièces auto recyclées sous la marque Back to Car. Une casse automobile aujourd'hui, ça n'existe plus. Il faut avoir l'appellation VHU, donc un agrément par l'État. Nous sommes dans la zone d'expertise, une étape qui n'existait pas avant. C'est ici que nous décidons quelles pièces sont encore fonctionnelles et quelles pièces peuvent être démontées et remises sur le marché.

Je te présente Rémi, l'expert automobile à Amiens. Il vérifie tout ce qui concerne les pièces de carrosserie. Il redémarre le véhicule pour voir s'il fonctionne correctement et si toutes les pièces électroniques et techniques sont encore fonctionnelles. Ensuite, nous passons à la deuxième étape industrielle : la dépollution du véhicule. Cela consiste à extraire tous les liquides et fluides du véhicule, comme le carburant, le liquide lave-glace et le liquide de refroidissement. Rémi perce ensuite le réservoir.

Après la zone de dépollution, le véhicule passe en zone de démontage. C'est là que les équipes extraient les pièces auto définies dans le listing de démontage de l'expert. Nous avons aussi un pôle dédié à l'électrique, car nous commençons de plus en plus à démonter des véhicules électriques. Cela fait partie des enjeux de l'automobile du futur.

Après le démontage, les moteurs et boîtes de vitesse passent en zone de nettoyage. Les petites pièces sont nettoyées pendant le référencement et à l'expédition. Une fois démontées, les pièces sont photographiées, référencées et mises informatiquement dans notre logiciel de stockage.

Nous sommes maintenant dans la zone de stockage, spécifique à la carrosserie. Tu vois toutes les portières, capots, pare-chocs, etc. Par exemple, voici un feu. Il est étiqueté avec la marque, le modèle, la mise en circulation et la catégorie, car il y a une différence entre phare et feu. Avant d'être expédiée, chaque pièce est marquée pour assurer une traçabilité parfaite, même hors du centre.

L'utilisation de pièces automobiles recyclées est de plus en plus encouragée, notamment par les assureurs lors de sinistres, comme le groupe Covéa, un assureur mutualiste comprenant les marques MAAF, MMA et GMF. Covéa propose déjà à ses assurés des réparations plus durables grâce à son réseau de recycleurs. Produire une pièce neuve demande plus de ressources, de matières premières et d'énergie, alors qu'une pièce auto recyclée demande beaucoup moins d'énergie et très peu de matières premières.

Il y a aussi l'aspect économique. Une pièce auto recyclée est en moyenne 75 % moins chère que le neuf. Légalement, elle a une garantie de conformité d'un an. Certaines personnes vont même plus loin en garantissant leurs pièces à vie. Nous, dans notre cas, garantissons nos pièces à vie. Quand vous allez chez votre garagiste ou votre réparateur, n'hésitez pas à demander des pièces de réemploi. Ils sont dans l'obligation de le faire, et votre porte-monnaie vous remerciera, tout comme la planète.

 

Des savoir-faire qui créent de l’activité locale

La réparation durable en automobile a aussi un impact économique et social positif, car elle favorise des emplois locaux qualifiés et non délocalisables. Faire le choix de la réparation et avoir recours aux pièces de réemploi c’est, en effet, créer de l’activité locale auprès des filières de recyclage de pièces et des différents métiers de la réparation.
Par ailleurs, les valeurs portées par la réparation durable insufflent une nouvelle dynamique à ces professions en tension et redonnent toute sa place au geste de réparation. Car contrairement au remplacement par des pièces neuves, la réparation nécessite de façonner, réparer, peindre la surface pour lui restituer son aspect d’origine. Des compétences artisanales qui s’acquièrent sur la durée pour une maîtrise parfaite, et qu’il convient de remettre en valeur, à leur juste mesure.


Les conditions du développement de la réparation durable en automobile

Vertueuse en matière écologique, sociétale et économique, la réparation durable en automobile se développe peu à peu. Toutefois, en 2023, 29 % seulement des pièces endommagées lors d’un sinistre-collision ont été réparées, et seules 4,9 % des pièces remplacées étaient des pièces de réemploi. Covéa s’est intéressé aux différentes pistes qui permettront au mouvement de prendre de l’ampleur.
 


Agir sur l’offre et la demande

Les différents acteurs de la filière font face à une convergence d’intérêts et les assureurs sont au premier plan pour accompagner l’essor de la réparation durable en automobile.

Ils peuvent en effet participer au développement de l’offre en optimisant la mise à disposition des véhicules accidentés aux recycleurs, pour qu’ils puissent extraire davantage de pièces de réemploi. Mais au-delà, ils doivent les accompagner dans leur développement, dans la définition de leurs objectifs et dans leur acculturation à la logique de rentabilité des tournées, indispensable pour améliorer la disponibilité des pièces.

Du côté de la demande, les assureurs peuvent inciter leurs réseaux de réparateurs à atteindre un certain taux d’utilisation des pièces de réemploi, tout en rassurant leurs assurés sur la qualité de celles-ci. Lorsqu’une réparation est effectuée sur son véhicule, l’assuré reste, en effet, libre d’opter ou non pour des pièces de réemploi. Même si la sensibilité aux arguments environnementaux gagne du terrain, les questions de traçabilité et de sécurité sont récurrentes. MAAF, MMA et GMF veillent à sensibiliser régulièrement leurs assurés à la réparation durable. Ces derniers peuvent ainsi savoir quelles pièces peuvent être réutilisées et quelles mesures de qualité sont prises.

Leader de l’assurance automobile, Covéa veille à embarquer tout son écosystème : les réparateurs/carrossiers, les experts, les recycleurs, les centres de formation, les assurés… sans oublier les constructeurs, à qui Cesvi France, le technocentre de Covéa, transmet régulièrement des informations sur la réparabilité des véhicules que ses équipes analysent.

Le Covéa Tour, organisé chaque année, est l’occasion d’avancer concrètement avec l’ensemble des partenaires. En 2024, il se déroulera sur tout le territoire du 17 septembre au 29 novembre. Des cas pratiques permettront notamment d’affiner la réflexion collective. Des tables rondes favoriseront également les échanges entre réparateurs et experts pour mieux comprendre les problématiques de chacun.

« Légitimes et volontaires, les assureurs œuvrent au quotidien, en bonne intelligence avec leur écosystème, pour devenir encore plus performants et agir sur l’impact carbone des réparations qu’ils assurent pour leurs clients. Ils sont ainsi des acteurs majeurs pour faire avancer la réparation durable. »

Stéphane Duroule
Directeur général Assurances France Covéa

Faire de la veille et innover

Les réparateurs choisissent parfois de remplacer plutôt que de réparer en raison de la complexité croissante des réparations. En effet, la technologie des véhicules, leurs pièces et leurs matériaux évoluent constamment, notamment avec le développement des aides électroniques à la conduite (ADAS) et de la voiture électrique. Une veille régulière est donc indispensable.

Créé il y a 25 ans, Cesvi France est un centre de formation et de recherche technique appliqué au domaine de l’assurance automobile à la pointe de la recherche et développement. Covéa est le seul assureur en France à s'être doté d’un tel centre.

Cesvi France étudie les nouveaux véhicules et développe des techniques de réparation sur les matières plastiques, l'aluminium, les optiques, les jantes en alliage ainsi que l'électronique embarquée. Le technocentre a également développé un procédé exclusif utilisant l’impression en 3D pour produire de petites pièces de fixation que les constructeurs automobiles ne commercialisent pas séparément, ce qui évite le remplacement des équipements en entier.

En matière d’innovation, l’IA est une alliée de la réparation, car elle permet d’automatiser certaines tâches comme l’analyse des estimations de réparation. Il est ainsi possible d’obtenir une évaluation avec précision et dans un délai optimisé. À travers une réparation au plus près des besoins, l’IA apporte rapidité, efficience et transparence, avec un impact réduit sur l’environnement. Covéa expérimente notamment un scanner grêle qui évalue en quelques minutes, grâce à l’IA, les dommages liés à la grêle sur un véhicule.
 

Donner toute sa place à la formation

C’est en répondant aux problématiques de gestion des compétences et en diffusant les bonnes pratiques que la réparation durable en automobile pourra progresser. La formation est donc un élément clé pour bien réparer et/ou bien utiliser des pièces de réemploi. 

Référence en la matière, Cesvi France forme chaque année 2 200 professionnels de la réparation, dont 40 % d'experts automobiles et 60 % de réparateurs, dans cinq domaines : électronique, habilitations électriques, carrosserie, mécanique et peinture. Ils y apprennent à réparer plutôt que remplacer, et surtout à « réparer bien » en choisissant les techniques, les produits et les équipements indispensables. 

Enfin, s’il est important d’accompagner les réparateurs et carrossiers déjà en poste à travers la formation continue, la formation des jeunes est aussi un levier important pour adapter la filière aux attentes du secteur et de la société, tout en attirant de nouveaux publics.

En 2023, 71 % des 521 000 véhicules accidentés des assurés MAAF, MMA et GMF ont pu être réparés au sein des réseaux de réparateurs partenaires de Covéa, régulièrement formés par Cesvi France. Retrouvez tous les chiffres dans le livre blanc Covéa.

Consultez le communiqué de presse :